Mot du président – automne 2023

Publié le 2023-09-29T12:07:31-04:00

 

Permettez-moi d’emblée de vous souhaiter un bon début d’automne en cette période, en espérant que vous avez su profiter de la période estivale pour vous ressourcer et passer du temps de qualité avec vos proches, avec des souvenirs joyeux plein la tête. En tant que président l’Ordre, je suis particulièrement heureux de vous voir exercer une profession qui fait notre fierté!

Un petit mot d’abord pour vous rappeler que le colloque annuel organisé par l’Ordre arrive à grands pas – tout comme l’assemblée générale annuelle 2023, soit le 11 octobre prochain au centre des congrès de Drummondville. Vous êtes toutes et tous cordialement conviés à cet événement intitulé « Grand rendez-vous des chimistes et des biochimistes ». Cette nouvelle identité, révélatrice du rôle fondamental que l’Ordre joue dans les secteurs de la chimie et de la biochimie, est le reflet de l’importance attribuée aux chimistes et aux biochimistes – en leur offrant une occasion singulière de se rassembler et d’échanger sur l’avenir de la profession, et ce, au service de la protection du public. Par la même occasion, nous sommes extrêmement fiers d’annoncer qu’une soirée-gala de reconnaissance des membres émérites est également au programme de l’événement durant le banquet. Plus de 150 participants sont attendus pour l’événement, pour profiter d’une programmation de grande qualité.

Maintenant, sur un plan nettement moins joyeux, alors que nous soulignions tristement les dix années de l’hécatombe de Lac-Mégantic cet été, l’Ordre a rappelé que le public québécois n’est toujours pas à l’abri des risques liés à la gestion des matières dangereuses. En effet, plusieurs autres incidents évitables surviennent, causés par des lacunes dans la manipulation, l’entreposage et le transport des matières dangereuses. Nous avons donc rappelé qu’il était fondamental de se pencher sur l’encadrement professionnel des personnes chargées de la gestion des matières dangereuses, puisque cela comporte des angles morts et risque d’engendrer de futures hécatombes.

Nous poursuivons aussi sans trêve nos démarches et représentations afin de mener à terme notre quête de la modernisation de la Loi sur les chimistes professionnels (LCP). Comme vous le savez, l’Office des professions du Québec est en attente d’une priorisation politique du cabinet de Mme LeBel. Nos devoirs sont faits de ce côté-là — le dossier de l’Ordre est intégralement complété depuis belle lurette et nous vous informons qu’une rencontre avec le cabinet de la ministre chargée de l’application du Code des professions et des lois constituant les ordres professionnels pointe à l’horizon. Nous sommes bien évidemment avides d’en arriver à nos fins, notamment alors que débute le grand chantier de modernisation du système professionnel, dont les consultations furent lancées le 6 septembre dernier. La mise à jour de la LCP doit impérativement figurer dans le plan d’action du gouvernement, et nous continuerons de nous en assurer.

Le 12 septembre dernier était jour de rentrée parlementaire à Québec. Pour l’occasion, l’Ordre est intervenu publiquement pour enjoindre au gouvernement de profiter de ce chantier de modernisation du système professionnel pour enfin moderniser la LCP, et ainsi préciser le champ d’exercice de la chimie et les activités réservées aux chimistes aux fins d’assurer la protection du public. À titre de rappel, nous demandons que soit complété le processus de modernisation de la LCP interrompu le 5 mars 2014, lorsque les travaux de la 40e législature ont pris fin à l’étape des consultations particulières et auditions publiques portant sur le projet de loi n° 49 – Loi modifiant diverses lois professionnelles et d’autres dispositions législatives dans le domaine des sciences appliquées.

Dans un contexte de vaste réforme du réseau de la santé et des services sociaux lancée par le ministre de la Santé, M. Christian Dubé, nous ne pouvions que souligner l’importance capitale du rôle des membres de l’Ordre au sein du système de santé et en amont de celui-ci. C’est ce que nous avons accompli par le truchement d’une lettre ouverte dans laquelle nous démystifions les fonctions qu’ils y exercent. En considération que les avancées scientifiques et technologiques jouent un rôle prépondérant pour la santé et le mieux-être de la population du Québec, les membres de l’Ordre se positionnent en tant qu’acteurs fondamentaux, notamment dans la protection de la santé publique, tout en développant et en s’assurant de la qualité des produits pharmaceutiques, en œuvrant dans des laboratoires de recherche sur les innovations thérapeutiques et diagnostiques, en analysant les contaminants nocifs pour l’humain, ainsi qu’en formulant des conseils et des recommandations visant à assurer une utilisation et un entreposage sécuritaire des matières dangereuses. Il est primordial de bien identifier ce rôle névralgique des chimistes et des biochimistes afin de bien s’inscrire dans le volet « Lois professionnelles » du Plan santé.

Dans le même ordre d’idées, nous avons effectué une sortie publique dans laquelle nous appelons à un meilleur encadrement des personnes qui exercent des activités en santé à titre de « spécialiste en sciences biologiques et physique sanitaire » (CPNSSS 1207) et de « spécialiste clinique en biologie médicale » (CPNSSS 1291). Comme vous le savez, la plupart de ces personnes ne sont pas membres d’un ordre professionnel, ce qui cause des bris de la chaîne de responsabilité professionnelle et déontologique dans le réseau de la santé et des services sociaux. L’Ordre a du même souffle souligné son ouverture à intégrer ces personnes parmi ses membres — ce qui pourrait être possible dans le cadre d’une modernisation de la LCP, qui contribuerait du même coup à l’atteinte des objectifs d’efficacité du Plan santé.

Dans un autre grand chantier gouvernemental, l’Ordre est également préoccupé par une disposition du projet de loi n° 15, Loi visant à rendre le système de santé et de services sociaux plus efficace (PL15), qui met en cause la protection du public, en l’occurrence les usagers du réseau. Il est de votre connaissance que les laboratoires hospitaliers du réseau de la santé sont essentiels à la prestation de soins et de traitements médicaux de qualité. Or, dans le PL15, il a été proposé d’évincer les biochimistes cliniques de la gouvernance des laboratoires de biochimie du réseau de la santé. Cela aurait eu pour effet de réduire comme peau de chagrin la capacité des biochimistes cliniques à exercer pleinement leur responsabilité professionnelle — qui en serait grandement affaiblie ce qui viendrait générer un risque d’atteinte à la qualité des services de laboratoire pour le public québécois qui nous apparaît hautement problématique. À cet effet, nous avons proposé un amendement au PL15, à l’article 177, visant justement à rétablir ce qui est actuellement inscrit dans la Loi sur la santé et les services sociaux (RLRQ c. S-40.2) (LSSS), c’est-à-dire que les biochimistes cliniques sont membres du département clinique de médecine de laboratoire et ils peuvent en être le chef, comme stipulé à son l’article 188. « Gain » en demi-teinte : nous avons obtenu les modifications demandées au PL15 – bien que les amendements adoptés soient mi-figue, mi-raisin.

Ainsi, le volet concernant les lois professionnelles du Plan santé et le chantier de la modernisation du système professionnel sont les grands axes qui figurent au radar de l’Ordre pour les prochains mois. Espérons que cela pourra propulser au fil d’arrivée notre projet de modernisation de la LCP en adéquation avec l’exercice de la chimie au 21e siècle — avec le gage d’une protection digne du public québécois.

 

Michel Alsayegh, chimiste
Président de l’Ordre
Membre du Comité exécutif et trésorier au Conseil interprofessionnel du Québec
Vice-président de la Fédération des chimistes professionnels du Canada
president@ocq.qc.ca