Mot du président – Automne 2024

Publié le 2024-10-29T11:16:34-04:00

C’est galvanisé par le succès de notre 2e Grand RDV des chimistes et des biochimistes que je reviens vers vous pour dresser le bilan des activités de l’Ordre au cours des derniers mois.

Le 17 octobre dernier, à Drummondville, nous avons eu l’immense privilège de recevoir en grand nombre les membres de l’Ordre pour vivre notre AGA, nos sessions de formation continue et notre gala de reconnaissance des membres émérites pour lequel nous avons accueilli deux invitées d’honneur, Mme Dominique Derome, présidente de l’Office des professions du Québec, et Mme Danielle Boué, présidente du Conseil interprofessionnel du Québec (CIQ).

Notre Grand RDV a été une réussite sur toute la ligne, ce qui me rend très fier de l’équipe organisatrice, de mes pairs au Conseil d’administration, mais également des membres de l’Ordre, d’autant plus que deux d’entre eux ont été honorés au cours de l’événement.

Le Mérite du CIQ a été décerné au Dr Éric Bonneau, biochimiste clinique au CISSS des Laurentides, en reconnaissance de ses réalisations et contributions. Il s’est entre autres activement engagé auprès des équipes du laboratoire de l’Hôpital de Saint-Eustache pour instaurer des processus visant à améliorer la qualité des analyses et des services offerts aux usagers, ainsi qu’aux partenaires internes et externes.

De même, la plus haute distinction de l’Ordre, celle de Compagnon de Lavoisier, a été remise à Mme Christiane Ayotte. Pionnière de la recherche scientifique, notamment dans le domaine du dopage sportif, Mme Ayotte est une sommité mondiale qui s’est démarquée et a fait rayonner la profession de chimiste tout au long de sa carrière. Elle a été à la tête du Laboratoire de contrôle du dopage de l’Institut national de la recherche scientifique pendant plus de 30 ans. L’apport de cette leader exemplaire dépasse largement le monde sportif. Son travail et ses recherches ont eu des retombées positives dans plusieurs autres professions liées à la santé.

Parallèlement à l’organisation intensive de notre Grand RDV, nous avons vécu un été chaud et foisonnant en matière de relations publiques.

La rentrée parlementaire québécoise a été notamment animée par les consultations particulières et auditions publiques concernant le projet de loi n° 67, Loi modifiant le Code des professions pour la modernisation du système professionnel et visant l’élargissement de certaines pratiques professionnelles dans le domaine de la santé et des services sociaux (ci-après, PL67). Celles-ci ont effectivement débuté le mercredi 18 septembre 2024. Pour l’occasion, l’Ordre a déposé à la Commission des institutions un court mémoire, dont la pièce maîtresse est la proposition d’un amendement au PL67 afin de définir l’exercice de la chimie et les activités réservées aux membres de l’Ordre.

À la lumière de cette opportunité législative, nous avons donc réorienté le tir en parlant d’un amendement au PL67 qui viendrait consacrer l’encadrement adéquat de la pratique de la chimie. Si la ministre responsable de l’application des lois professionnelles, Mme Sonia LeBel, a déjà fait valoir les travaux exigeants qu’occasionneraient la modernisation de la LCP, notre Ordre vient de lui démontrer qu’il est possible d’agir dès maintenant afin de mieux protéger le public par un amendement au PL67.

Par ailleurs, un des sujets qui anime le gouvernement du Québec et intéresse particulièrement l’Ordre est sans conteste la transition énergétique. En effet, la filière batterie – comme nous l’avons vu lors de notre Grand RDV – est un thème névralgique qui continuera de faire couler beaucoup d’encre. Vous devinez qu’il est important que l’État se donne les moyens de soutenir une croissance durable, orientée vers la transition énergétique du Québec. C’est pourquoi nous sommes convaincus qu’il est essentiel de mieux encadrer le déploiement de la filière batterie et la manipulation des composantes actives qui servent à faire des batteries. Dans le même ordre d’idées, l’Ordre soutient, en conformité avec la mission fondamentale de l’Ordre de protection du public, la nécessité de mettre en place des dispositions législatives et réglementaires qui permettront l’élaboration de protocoles validés de récupération de recyclage et de réutilisation des batteries périmées et qui contribueront à leur élimination sécuritaire et viable.

La nomination de Mme Christine Fréchette au poste de ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie (MEIE) a été saluée par l’Ordre. Du même coup, nous avons eu l’occasion de relancer nos échanges avec ce cabinet, pourparlers qui étaient déjà en cours à l’époque du prédécesseur de Mme Fréchette.  Nous avons eu l’occasion de transmettre nos recommandations vis-à-vis de la filière batterie et avons obtenu une réponse positive selon laquelle « […] Nous sommes ravis de voir votre intérêt et volonté de supporter constructivement la filière batterie ». Nous allons poursuivre cette collaboration avec le MEIE en ce sens, puisque la chimie est au cœur du développement de ce secteur, et que l’expertise des chimistes doit être prise en considération.

Dernièrement, nous avons effectué une sortie publique en lien avec le déploiement de cette filière batterie. L’enjeu fondamental est le manque d’encadrement des personnes impliquées dans la manipulation et le transport des matières actives essentielles à leur fabrication. Les individus responsables de la mise en œuvre des processus et des normes ne sont pas encadrés de manière suffisante par un ordre professionnel, voire pas du tout. Vous conviendrez qu’il est particulièrement imprudent pour la société de laisser des entreprises décider du seuil de tolérance acceptable du risque à la sécurité du public pour leurs activités en chimie. Nous le répétons ici : l’adoption d’un amendement au PL67 modifiant un seul article de la LCP pourrait atténuer considérablement ce spectre inutile qui plane sur la société québécoise. Dans le sillage de l’incendie au port de Montréal qui a mobilisé une cinquantaine de pompiers, nous sommes intervenus publiquement pour réaffirmer, pour une énième fois, la nécessité de prendre au sérieux la manipulation, le transport et l’entreposage des matières dangereuses au Québec. Ce fut également l’occasion de rappeler la nécessité de renforcer la capacité d’action de notre ordre professionnel ce qui pourrait se faire par un seul amendement au PL67. Le cas de cet incendie précis est présentement sous examen par les enquêteurs de l’Ordre. Par ailleurs, j’ai été de passage au Téléjournal avec Céline Galipeau à ce sujet (53e minutes).

Enfin, plus récemment, nous nous sommes également prononcés dans le cadre des consultations publiques relatives au projet de Règlement sur le contrôle du plomb dans l’eau chez les prestataires de services de garde éducatifs du ministère de la Famille. Ce projet de Règlement cherche à s’assurer de la qualité de l’eau consommée par les enfants et les personnes qui œuvrent chez les prestataires de services de garde éducatifs à l’enfance (SGEE), dans une installation ou une résidence privée.

Plus particulièrement, il introduit une obligation, pour tous les prestataires de SGEE, de procéder à un échantillonnage afin de mesurer la concentration en plomb dans l’eau et de s’assurer que des mesures correctrices soient prises en cas de non-respect de la norme de qualité de l’eau potable relative au plomb, prévue à l’article 2 de l’annexe 1 du Règlement sur la qualité de l’eau potable (RLRQ c. Q-2 r. 40) (RQEP).

En plus d’apporter notre expertise sur plusieurs articles du projet de Règlement, nous avons rappelé que l’échantillonnage est une étape tant délicate que critique de toute analyse chimique et biochimique, étape influençant bien sûr directement la qualité des résultats. Considérant l’enjeu de protection du public qu’est la présence de plomb dans l’eau potable des prestataires de SGEE, il est donc crucial que la stratégie d’échantillonnage soit définie par des professionnels habilités et compétents, soient des chimistes. Cette recommandation a d’ailleurs déjà été soumise par l’Ordre en 2020 au ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs à l’occasion de la consultation publique portant sur des modifications au RQEP.

En terminant, sur une note plus légère, j’aimerais vous souhaiter de vivre avec passion cette fin de saison multicolore avec vos proches, en prenant une bonne marche dans les bois ou encore autour d’un bon breuvage chaud!

Michel Alsayegh, chimiste
Président de l’Ordre
Membre du Comité exécutif et trésorier au Conseil interprofessionnel du Québec
Président de la Fédération des chimistes professionnels du Canada